Lorsqu'elle débarque à Londres en février 1944 pour y mettre au monde son deuxième enfant, Lucie Aubrac est accueillie comme une héroïne de la Résistance française. Quelques années plus tard, lors d'un voyage aux Etats-Unis, elle trouvera par hasard dans un avion des « cartoons » américains racontant, en bandes dessinées, sa propre histoire. Mais qu'est-ce qu'une héroïne ?Depuis quarante ans, Lucie Aubrac – peu soucieuse de gloriole – n'avait pas jugé nécessaire d'ajouter ses souvenirs personnels à la littérature résistante publiée ici et là. Peu de femmes pourtant étaient fondées autant qu'elle à témoigner sur ce que fut concrètement la vie quotidienne, l'état d'esprit et l'espoir têtu des militants de l'ombre. Partageant à Lyon avec son mari Raymond et ses camarades de l'animation du mouvement Libération, réussissant de nombreux « coups » spectaculaires, elle fut aussi et surtout l'une des protagonistes de l' « affaire Jean Moulin ».C'est la perspective du procès de Klaus Barbie et le comportement des défenseurs de l'ancien chef de la Gestapo qui l'avaient convaincue de sortir du silence. Elle reconstitue, ici, le journal de ses neuf mois de femme engagée dans la lutte – de mai 1943 à février 1944 - , période durant laquelle Jean Moulin fut trahi, arrêté et assassiné.Neuf mois de combats, neufs mois de grossesse mais aussi neufs mois de la vie d'une femme acharnée à sauver l'homme qu'elle aime. Ce témoignage est à verser à l'histoire. Le récit, sans effets ni artifices, nous fait revivre de façon saisissante ce que furent au jour le jour ces années-là.Le journal de Lucie Aubrac a été porté à l'écran par Claude Berri.